Les Elfes ( deuxième partie )
Au lendemain de la Guerre Emeraude, Une période de paix et de construction prit place pour les elfes et leurs alliés.
Le beau peuple établit sa capitale, Kalendris aux hautes flêches garnies de jardins suspendus, sur les Îles-gemmes, un plus petit archipel à quelques jours de navigation des trois grandes îles de l'Archipel. Les eaux environnantes foisonnent aujourd'hui encore dans leurs profondeurs de mines à ciel ouvert dont les elfes tirent les gemmes et les pierres précieuses idéales pour leur économie, mais aussi pour leurs artisans et leurs mages qui en tirent un grand avantage.
Avec cette nouvelle prospérité si chèrement conquise, les elfes firent voiles vers les îles principales et y fondèrent des colonies. Tout particulièrement sur les rivages de l'île de la coupe, là où les portails menant sur d'autres plans étaient les plus nombreux. Après tout, si les Thuata avait tenu à ce que les elfes les vénèrent, ce n'était pas tant pour répondre aux désirs du dieu Math que pour disposer de gardiens aptes à surveiller ces portails si proches de leur domaine.
Malgré ces temps fastes pour les elfes, tout n'était pas idyllique pour autant. Si beaucoup d'elfes se montraient reconnaissants envers leurs nouveaux dieux pour leur avoir permis d'obtenir la victoire sur les dragons verts destructeurs, tout autant ressentait un profond trouble d'avoir été coupé de la Seldarine, le panthéon elfique. Son roi, Corellon Larethian, en plus d'être le créateur des elfes, personnifiait la nature elfique, tous les traits et toutes les qualités qu'un elfe se devait de posséder. Se détourner de lui revenait pour beaucoup revenait à commettre un acte contre-nature.
Lentement mais surement, malgré la réserve et le calme qui caractérisent le beau peuple, le trouble qui affectait les coeurs se mua en rancoeur puis en colère. Les maisons nobles firent de leurs mieux pour appaiser les tensions et appaiser les craintes. Mais les héros et leurs descendants étaient considérés par la majorité de leurs détracteurs comme étant responsable du gouffre qui allait grandissant au sein de la société elfique.
A cette situation précaire, il fallait ajouter des attaques de plus en plus régulière de sahuagins sur les sites sous-marins d'extraction de gemmes, la protection des portails et les conflits avec les dragons toujours en activité. Plusieurs elfes suspectaient d'ailleurs leurs vieux ennemis draconiques d'être responsables des incursions des diables des mers sur leurs territoires.
Des années, des siècles et même des millénaires s'écoulèrent dans un délicat équilibre de calme feint et de rancoeurs palpables mais inavouées. La discipline et la société codifié des elfes leur permettant d'éviter le geste ou la parole de trop.
Un jour, un nouvel antagoniste vint s'ajouter à la liste déjà bien fournie des ennemis du peuple des six maisons. Explorant les tunnels qui parcouraient les profondeurs de ce monde, une expédition de drows, des elfes noirs, un boyeau remontant jusqu'à une crevasse dans la partie Nord-Ouest de l'Île de la coupe, attirés par l'énergie qui émanaient de ses portails.
Répondant à l'animosité séculaire que les deux peuples entretenaient et bénéficiant de l'effet de surprise, les nouveaux venus lancèrent une série d'attaques éclairs sur les colonies les plus proches de leurs cousins.
Les elfes, d'abord pris au dépourvus, se mirent rapidement sur le pied de guerre. Ce nouveau conflit avait au moins le mérite de les détourner des troubles internes qui les affligeaient depuis la fin de la guerre émeraude. Cette distraction sanglante allait malheureusement être d'une très courte durée.
Comme souvent chez les drows, une prêtresse dirigeait l'expédition même si son instigateur était un homme entreprenant, opportuniste est ambitieux répondant au nom de Sethvaral.Dagda, le chef des Thuata de Danaan, visita l'esprit du drow lorsque celui-ci plongeait en transe. Le dieu lui dit que si la prêtresse venait à disparaître, Sethvaral n'aurait aucun mal à prendre la tête des drows présents, avec l'aide des dieux locaux, à faire la paix avec les elfes pâles et à établir sa maison à la surface. Guidé par Dagda, l'assassinat de la représentante de Llolth, la déesse araignée, ne fut qu'une formalité et c'est avec le soutien des thuata que lui et les siens se présentèrent aux six maisons elfiques.
Dire que la société elfique fut choqué de découvrir que les dieux pour lesquels ils avaient abandonné leur panthéon toléraient et même soutenaient leurs ennemis les plus intimes tiendraient de l'euphémisme. Plus grande fut pourtant leur stupeur lorsque les prêtres des thuata, ceux qui se faisaient la voix des dieux annoncèrent que les drow qui rejoignaient la surface constituaient al septième maison : Dyr Sethvaral.
Les autres maisons nobles étaient furieuses et menaçèrent même de rejeter les thuata. Conscientes qu'elles étaient malgré tout dépendantes de leurs nouveaux dieux sans lesquelles elle n'aurait aucun ascendant sur leurs opposants au sein de leur propre société, elles finirent malgré tout par se plier à la décision des dieux en exigeant toutefois en retour que sous leur surveillance, la septième maison se charge de protéger le Dédale, le réseau de tunnel et de caverne qui s'étend sous l'Archipel et empêche toute autre créature s'y trouvent de rejoindre la surface.
Comme on pouvait s'y attendre, l'arrivée de la maison Dyr Sethvaral accentua bien plus encore le ressentiment qui régnait parmi les elfes. Même si les nouveaux arrivants déclaraient avoir renoncé à Llolth pour vénérer les même dieux, ils restaient ces ennemis sanguinaires et perfides dont leurs parents contaient les méfaits depuis leurs plus jeunes âges comme leurs grand-parents les avaient contés à leurs parents, et les leurs avant eux.
Les relations entre ceux qui restaient loyaux envers Dagda et les siens et ceux qui en étaient mécontent s'envenimèrent. Il est communément admis que c'est à cette époque que la Lame de Corellon apparut, même si certains prétendent que cette organisation est bien plus vieille. Ce groupe revendiquait le retour des elfes de l'Archipel dans le giron de la Seldarine et profitait de la rancoeur maintenant ouverte envers les dirigeant du peuple elfique pour enrôler à tour de bras dans ses rangs. Se révélant au grand jour, il appelait à l'insurrection et au rejet des thuata et des drows. En son nom, plusieurs "ennemis" du peuple elfique furent assassinés.
La nation elfique bascula dans la guerre. Si la jeune maison Sethvaral resta prudemment en retrait, les six autres maisons et le reste de la société elfique se déchirèrent de l'intérieur. Les enfants firent couler le sang de leurs parents, les blamant de l'odieux marché qui les avaient privé du lien divin avec leur nature. Frères, soeurs, cousins ou autres, il n'y avaient plus de familles mais juste les loyalistes et les dissidents qui s'entretuaient avec rage. Les temples furent mis à feux, leurs pierres jetées à bas tandis que leurs prêtres et les danadrines étaient humiliés, brutalisés et même parfois tués.
Même Kalendris, la resplendissante capitale elfique, ne fut pas épargnées par les conflits. Les jardins suspendus qui font sa fierté furent en partie incendié. L'albâtre qui ornait les pavés de ses rues fut souillé du raffiné sang de ses habitants.
En un battement de paupière, l'élégante et mesurée civilisation des elfes avait basculé dans le chaos et la fureur. Des Îles-gemmes jusque dans les colonies sur les îles principales, les elfes s'entretuèrent en abandonnant parfois tout vernis de civilisation.
Les ennemis du beau peuple ne manquèrent pas d'essayer de tirer partie du conflit qui avait dégénérer. Avec précaution, les dragons réémergeaient de leurs profondes forêts. Les meutes de gnolls se rassemblaient à nouveaux pour former des hordes. Les sites d'extractions sous-marins étaient de moins en moins bien défendus contre les raids des diables des mers.
Les maisons nobles savaient qu'elles se devaient de tout employer pour mettre un terme au plus vite à ce conf et féroce. Tout praticulièrement à l'encontre des membres de la Lame de Corellon.
Enfin, pour mettre un terme définitif à cette crise, les dirigeants des maisons nobles proposèrent aux mécontent de leur donner les moyens de partir. De quitter l'Archipel avec la possibilité de s'en retourner vers les terres que leurs ancêtres avaient quittés plusieurs milliers d'années auparavant ou même d'aller s'établir ailleurs, là où il pourraient célébrer leur foi pour Corellon. Ne resterait dans l'Archipel que les elfes pleinement convertis aux Thuata de Danaan.
Des mois, des années et une quantité pharaonique de ressources et de mains d'oeuvres furent consacrées à la construction d'une flotte suffisamment importante pour garantir à ceux qui voulaient renouer avec la Seldarine de puvoir s'aventurer sur les flots tumultueux de l'océan. On dit que ce fut la flotte la plus importante de son temps qui quitta les rives des Îles-gemmes pour se diriger vers l'Ouest lointain. Le beau peuple se vit amputer se jour là de presque la moitié de sa population.
Pour ceux qui étaient resté, il était temps de reconstruire lentement, dans la peine et la douleur. Non seulement chaque elfe qui demeurait avait vu partir ou périr des proches, mais il falait à présent gérer le vide laissé par ceux qui n'était plus là dans les différentes strates de la société. De nombreux rôle clef de la structure elfique étaient vacants. Les armées avaient perdus de nombreux soldats, mages et officiers compétents. Les artisans et les ouvriers étaient moins nombreux.
Pour palier à cette situation, on s'appuya davantage sur les colonies et leurs ressources, au grand mécontentement de ces dernières. Les dirigeants de plusieurs colonies estimaient en effet que les grandes maisons nobles n'avaient pas su gérer l'arrivée des drows, le ressentiment au sein de la population, puis la Séparation Cordiale et, enfin, la gestion des ressources qui s'en suivait.
Plusieurs colonies revendiquèrent donc leur indépendance vis-à-vis des grandes maisons, désireuse de d'administrer elles-même leurs territoires et leurs ressources, mais aussi à ce qu'elle considéraient comme l'incompétence des grandes maisons. Leur autonomie leur fut accordé rapidement. Les maisons nobles ne souhaitaient pas précipiter leur peuple dans une nouvelle guerre civile.
Livrées à elles-même, les colonies qui avaient fait sécession n'eurent que peu de temps pour jubiler. Les ennemis des elfes profitèrent de leur isolement pour s'abattre dessus et plusieurs de ces cités états tombèrent rapidement. Celles qui ont perduré jusqu'à nos jours ont, soit réintégré la nation elfique pour bénéficier de la protection de sa flotte et de ses armées, soit se sont dissimulées dans les vastes forêts pour adopter le mode de vie d'elfes sylvains.